mardi 22 septembre 2009

Le Démon démasqué !


Voilà quelques temps déjà, j'affirmais sur ce même blog qu'un démon s'était glissé dans le corps de Maléfica. Cette brillante déduction trouvait son origine dans l'observation d'une fillette qui ne cessait jamais de hurler, de jour comme de nuit, depuis l'instant de sa naissance. Au bout de plus d'une année d'observation quotidienne, je m'étais résolu à formuler cette hypothèse (bien plus pratique que d'imaginer qu'elle pouvait avoir mal au ventre, mal aux dents, mal à la tête, faim, chaud, froid, ou qu'elle soit mouillée, irritée, sale, et j'en passe).

Et puis le démon sembla disparaître. Maléfica apprit à marcher, et avec le déplacement vint l'autonomie. Elle passa donc plus de temps à marcher et à jouer, et donc, mécaniquement, moins de temps à hurler (sauf les fois où le bébé trébuche, et se fracasse la tête contre une pierre ou le coin de la terrasse). Plus récemment encore, Maléfica a commencé à parler. Elle ne maîtrise pas encore toutes les subtilités de la langue, mais elle comprend tout ce qu'on lui dit, et arrive très bien à se faire comprendre elle-même, à grands renforts de gestes accompagnés de "iléou", de "pain" et de "là"; veuillez comprendre: bon sang je crève la dalle, donnez-moi ce bout de pain qui traîne, là devant vous, bande de parents indignes. Ah oui parce qu'on ne la nourrit que de pain sec cette petite, et pour la boisson elle négocie avec les chiens dans le garage.

Les choses semblaient donc s'arranger. Moins de cris, moins de stress, un bébé presque accessible au raisonnement. Ca semblait gagné, et l'hypothèse du démon n'avait plus qu'à passer aux toilettes. Malheureusement, j'ai eu la confirmation que l'entité démoniaque est toujours là, bien présente sous l'apparence avenante d'un petit bout de femme qui utilise déjà une brosse à cheveux miniature sur le fin duvet blond qui lui recouvre la tête. Image attendrissante certes, mais ne vous y fiez pas ! La bête est bien là, enfouie, cachée.

La preuve ? Hier matin, je me rends dans une boulangerie, comme presque tous les jours, pour y faire acquisition de pain destiné à mon petit déjeuner. Oui je sais, acheter du pain dans une boulangerie... je pense souvent à demander des boules de pétanque, mais c'est moins digeste. Bref. Maléfica m'accompagnait, petit bout de chou perché dans mes bras. J'entre donc dans l'échoppe, et demande mon pain quotidien. Et là Maléfica tend un bras en direction du coin des bonbons, en m'affirmant très clairement "là". Elle me signifiait par là son envie d'obtenir une sucette. Sont pas cons ces boulangers, il y a toujours plein de sucreries qui traînent dans tous les coins et qui font envie aux enfants. Et bien entendu, impossible de dire non à un petit ange blond qui réclame un bonbon devant la foule de mamies attendries qui rôdent dans ce genre de boutiques. Je m'empare donc de la sucette indiquée par Maléfica, et la vendeuse m'annonce la somme totale dont je dois m'acquitter. Et là tenez vous bien... Maléfica ouvre la main, et tend une pièce de deux centimes à la vendeuse.

Quel ne fut pas mon étonnement ! OK, je sais, avec seulement deux centimes le compte n'y était pas. Maléfica ne sait pas compter, et ce n'est pas ce qui causa ma surprise. Mais bien le fait qu'une enfant de seulement 20 mois maîtrise déjà les rudiments du système monétaire. A titre de comparaison, son frère a du attendre l'âge de 3 ans pour admettre le fait qu'il faut de l'argent pour obtenir du pain (ou des sucettes). Et encore, il reste persuadé que je vais régulièrement "acheter" de l'argent au distributeur de billets. Mais là, voir cette fillette miniature sortir une pièce de je ne sais où pour obtenir son bonbon, ça m'a troué le... enfin bref, je suis encore sous le choc. Tout ça signifie non seulement qu'elle a compris comment acheter des choses, mais en plus qu'elle avait prémédité son coup en récupérant une pièce qui traînait certainement dans la maison.

Bon et le rapport avec le démon, alors, me direz-vous ? Mais il est immédiat ! Tout le monde sait maintenant que le système financier mondial, ou du moins le système du code-barre, est basé sur l'utilisation du chiffre 666 (tapez la requête "code barre 666" dans google, vous verrez si je délire). La preuve est faite: Maléfica maîtrise déjà les rudiments du système monétaire, ma première intuition était donc la bonne: un démon se cache sous l'apparence du bébé. Et demain quoi, je vais la surprendre à regarder les cours de la bourse sur Internet, un téléphone mobile à l'oreille, en train de donner des consignes à son trader ? Y'a plus de jeunesse.

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