Bien bien, aujourd'hui est un jour comme les autres, mais pas trop; il faut quand même signaler que c'est l'anniversaire de ma fille. Enfin, pas que la mienne, c'est aussi la fille de sa mère. Dans la lignée de "Tornade" et "Ouragan", (voir le message précédent) donnons-lui un petit surnom sympathique. Voyons, quelque chose de féminin, tendre, limite angélique. Après réflexion, je crois que le pseudonyme le plus adéquat est "Maléfica", du suffixe "a", qui en latin implique une certain idée de féminité (comme, par exemple, dans "la nana"= "la fille", tout bêtement, à ne pas confondre cependant avec "l'ananas"="une fille qui a un sérieux problème de coiffure", on peut citer également "pizza"="une fille originaire d'Italie" ou encore "carbonara"="une fille qui aime beaucoup les pâtes", sans oublier "miss américa"="une fille qui a 51 étoiles tatouées sur le derrière", et j'en oublie certainement), donc du suffixe "a", et du mot "maléfique", qui implique une certaine idée de démon. Donc "Maléfica"=la petite fille du démon, le calvaire sans fin, l'horreur au quotidien, le mauvais numéro, pas de bol quand même.
Donc Maléfica fête aujourd'hui son premier anniversaire. Souhaitons-lui en bien d'autres, et souhaitons-en également d'autres à ses parents, et à sa mère en particulier, parce que moi j'évite de l'approcher sous peine d'avoir envie de la coller dans un congélateur, sa mère donc qui vit (survit ?), depuis un an, avec une sorte de tumeur littéralement greffée à son corps. L'une ne va plus sans l'autre. Le bébé-tumeur-démon passe son temps à hurler, et ce depuis l'instant de sa naissance, d'un hurlement ininterrompu, de jour comme de nuit. Et encore, ça pourrait être un hurlement auquel on s'habitue. Mais non, ça ressemble plutôt au son d'une sirène d'alarme, vous savez, le machin anti-intrusions avec pile la fréquence qu'il faut pour faire frire un cerveau, qui vous paralyse sur place et vous oblige à vous rouler par terre, les mains sur les oreilles, en priant Dieu de vous rappeler illico à Lui.
Maléfica a commencé à foutre le bordel (pas d'autre terme) bien avant sa naissance. Elle s'est mise à taper sa pauvre mère dès qu'elle en a eu la force physique, vers 4 ou 5 mois de grossesse, alors qu'elle n'était qu'une grosse crevette. Je suis sûr que si elle avait pu hurler à l'époque, elle l'aurait fait. Heureusement, la nature étant bien faite, elle n'a pu que frapper, griffer, mordre et tordre l'utérus maternel, et tirer sur le cordon ombilical, sans parler des retournements multiples -- si elle avait eu un trampoline, parions qu'elle s'en serait servi ! Puis vint le jour de la naissance. Bon déjà, elle avait un bon mois et demie d'avance, soit. On aurait dû voir les signes anonciateurs de l'apocalypse, mais bien entendu, on était comme des idiots à se dire "chouette on va avoir une petite fille, c'est le plus beau jour de notre vie". Ah les niais ! Ensuite, pas le temps de faire les analyses de sang, la péridurale ou quoi que ce soit d'autre, on a juste eu le temps d'arriver à l'hôpital que Maléfica sortait du ventre maternel, dans la salle d'attente, alors que rien ni personne n'était prêt. Et là, arrive une toute petite chose, à peine 2kg, c'est vraiment pas lourd. Elle s'est empressée de se mettre à têter sa mère, et elle a rapidement repris du poil de la bête, puisqu'arrive le moment où elle se met à hurler. Avec un volume sonore digne des plus bruyants phénomères naturels, incroyable qu'une si petite chose puisse hurler si fort. Depuis, elle hurle encore, de plus en plus fort. Au point que les voisins, certes un peu intimidés par le vacarme, viennent cependant régulièrement vérifier que Maléfica n'est pas attachée au plafond par les pieds pendant qu'on la torture au chalumeau.
Et pour dire à quel point le bébé démoniaque est fourbe et cruel (en plus d'être très salissant): elle ne hurle pas vraiment tout le temps. Elle sait s'arrêter lorsqu'elle est en public, par exemple, et là elle prend une expression de bébé adorable, tellement mignonne qu'il faut faire vachement gaffe aux mamies qu'on croise dans les supermachés, parce qu'elles sont capables de nous la faucher pendant qu'on achète des yaourts ! Il y a aussi les moments où on n'en peut plus, ou personne dans la maison n'en peut plus, ça va faire une semaine qu'on n'a pas dormi, et l'autre qui hurle comme si on lui arrachait les yeux. Il y a donc ce moment où, pendant une seconde, on envisage soit de se jeter sous un train, soit de commettre un infanticide. La pensée se précise, les regards vont et viennent entre le bébé rouge de colère, la porte du four et celle du congélo. Et au moment même où on va comettre l'irréparable, quitte à aller en prison le reste de sa vie, au moins en prison il n'y a pas de bébés, ou alors je comprends pourquoi il y a tant de suicides en prison, donc au moment précis où le geste s'amorce, le bébé se tait ! Du silence, enfin ! Et là, le bébé-démon-verrue te fait un sourire. Le genre de sourire pour lequel tu peux tout pardonner. Bien entendu, ça dure juste le temps du pardon, ensuite rebelotte, les cris reprennent de plus belle.
Depuis un an, Maléfica a bien entendu franchi des étapes. Elle refuse toujours de marcher, bien qu'elle ait une technique très au point, mais les bras de maman c'est quand même bien plus pratique. Plus question donc de la laisser hurler toute seule dans une pièce: elle nous rattrape, à l'aide de son étonnant "déplacement lattéral à 3 pattes". Elle commence également à comprendre des rudiments de psychologie: si tu ne t'occupes pas de moi, je m'automutile. Véridique.
Bon anniversaire donc, petit démon. Sache cependant que tous nos tourments ne seront pas oubliés. Inutile de venir geindre, à 15 ans, pour qu'on t'achète un scooter ou qu'on te laisser aller en boîte (et je connais toutes les techniques qui pourraient te permettre de faire le mur !). Ne t'étonne pas si parfois, le dimanche matin, je te jette un seau d'eau froide à la figure sur les coups de 5h du mat et qu'ensuite je te traîne dehors pour un footing forcé, alors que tu aurais bien dormi jusqu'à 10h. Ce ne sera que justice !
Incroyable ! Il doit y avoir des gènes. La naissance de Noémi (2 kg 070) avec plus de 3 semaines d'avances, en pleine braderie de Lille, c'était pas triste non plus. Et elle a braillé nuit et jour pendant un an aussi ! Mais garde espoir, ça donne de belles et braves nanas !!!
RépondreSupprimerQuant au déplacement latéral à 3 pattes, demande à Martin de te parler de son expérience avec Raoul !
RépondreSupprimerOui avec le recul... ça va un peu mieux maintenant qu'elle est accessible au raisonnement -- enfin c'est encore limité, mais ça va en s'améliorant, on peut commencer à discuter et négocier. Mais je crois que les débuts resteront dans toutes les mémoires du quartier !
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