vendredi 24 avril 2009

Vénus

Bon allez je m'y recolle, c'est bientôt le week-end et sa cohorte de nuages pluvieux, je me sens d'humeur à bloguer (blogger ?)
Aujourd'hui le thème c'est Vénus. Alors Vénus, je sais pas ce que ça vous évoque, mais si je ne faisais pas ce boulot de m***e, moi l'image que j'en aurais c'est cette image (celle qui est jointe au message). Franchement, elle est pas superbe, cette image ? Un caillou qui passe entre le soleil et la Terre, et on peut même le photographier avec un télescope (et un appareil photo) depuis chez nous, ou depuis la station spatiale internationale, ou depuis un télescope spatial, allez savoir. Pendant ces moment là, on peut (presque) la voir à l'oeil nu, se représenter son déplacement dans l'espace, et finalement, elle n'est pas si loin que ça, cette "soeur jumelle" . On en aurait presque une larme d'émotion, à bien y penser.
L'image présente est d'ailleurs doublement magnifique, elle est si nette qu'on voit les détails de la surface du soleil et si on regarde bien, il y a une partie de Vénus qui se retrouve en dehors du disque solaire, donc logiquement on ne devrait pas la distinguer du reste de l'espace, mais ô magie quelques photons patiemment élaborés par le soleil sont pris par l'atmosphère, diffusés (ça je sais, ce sont MES petits photons, ceux que je dompte !), et renvoyés pile dans l'objectif de l'appareil photo, ce qui permet de "voir" le haut de l'atmosphère, complétant ainsi le disque de Vénus.
Mais ce n'est pas la vision que j'en ai, du moins plus maintenant, malheureusement. J'en viens même à la maudire, cette saleté de planète. Car quand j'ouvre le dossier "papier Vénus", je constate que la première version que j'ai écrite (j'en suis maintenant à la version 9), qui s'appelait "version alpha" à l'époque, date... mais oui, du 15 juin 2006. Et à l'époque, c'était déjà une version avancée, vu que j'ai jugé nécessaire de faire une sauvegarde. Ca faisait donc au moins deux ans que j'y travaillais, à ce papier. Donc si je fais le compte, on doit en être à 5 ans de rédaction. Le document pdf actuel fait plus de 60 pages. Depuis, deux soumissions, et d'innombrables modifications.
Alors normalement, je vous rassure, ce n'est pas comme ça que la recherche fonctionne. La tendance actuelle est plutôt à faire sortir un maximum de papiers, plusieurs par an de préférence. Donc il faut des papiers courts. Et pour faire court, cherchez pas, il n'y a pas besoin de faire compliqué, il suffit de quelques pages pour montrer comment on pourrait (si on avait le temps) améliorer tel ou tel aspect d'un sujet de recherche ancien. Je vais donc à contresens de l'évolution actuelle de la recherche. Parce que figurez-vous, que Vénus, on sait toujours pas comment ça marche ! Et pourtant, elle continue de super-tourner (oh l'autre !).

Mais en plus, si ça intéressait du monde. C'est ça le plus fort ! Il n'y a que quelques spectroscopistes de par le monde qui s'intéressent encore à Vénus, plus des gens qui ont publié sur le sujet dans les années 60, qui ne sont donc plus très nombreux, et qui se permettent de juger mon papier en me disant "ce machin là c'est pas trop clair, ok on a les références mais il faudrait plus détailler ce qui se passerait si on modifiait telle variable de 0,1%" quand il y a tellement de trous, de raccourcis et de non-dits dans leurs propres papiers qu'ils en sont incompréhensibles -- raison pour laquelle on passe ensuite des années à tout refaire puisqu'on n'a plus confiance en rien.
La seule chose qui fait que je continue de travailler sur cet article (auquel je ne peux plus penser sans avoir la migraine, oh mince j'ai écrit ça tout haut ?) c'est que je n'aime pas abandonner. Comme l'a suggéré Benjamin, quand ce fichu papier sera accepté (il le sera bien un jour, non ?) il faudra que je calcule quel a été le coût en temps de travail. Et comme c'est à la mode, je calculerai également le coût en CO2 émis, en tenant compte du temps de travail devant un PC allumé pour la mise au point des divers programmes, la réaction du papier en lui-même, et bien entendu le temps de calcul de toutes les simulations ! J'ai sans doute le papier le plus polluant (par auteur) de l'histoire de la recherche.

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