lundi 21 novembre 2011

poésie-time

Petit délire perso aujourd'hui. Non pas que j'en sois particulièrement fier, mais c'est bien la première fois que j'écris en alexandrins ! Et Gene m'a un peu aidé pour arrondir les angles, il faut le dire. Bref voilà la merveille:


Tout commence un matin, tu pars sur le chemin,
tu veux éliminer un repas un peu gras,
te libérer la tête, chasser ces tracas,
sans savoir que tu y retourneras demain.

Les saisons ont passé, et tu cours tous les jours,
et ton petit calvaire s'est mué en enfer,
de nouvelles douleurs s'éveillent à chaque tour,
tu les connais par coeur, fidèles supporters:

les ampoules, les cloques, qui laissent des plaies,
qui rendent ta foulée pénible et saccadée,
la sueur et le sang, les ongles arrachés,
la douleur pesante des muscles maltraités;

supplices raffinés, comme un coup de couteau,
qui t'arrête d'un coup, qui te tord les boyaux,
encore plus subtil, ce coeur que tu connais,
se bloque tout à coup, mécanique grippée.

et je ne parle pas des tendons douloureux
des genoux enflammés, des chevilles tordues
des coups de blues subits, et par un jour pluvieux
tu glisses dans la boue, sur cette pente ardue
tu cherches à remonter, mais c'est peine perdue
tu rebrousses chemin, ton corps te parait vieux.

Une chose pourtant appararaît clairement:
tu n'as jamais failli, tu persistes et te bats,
les blessures jamais n'ont fait cesser tes pas
tu les as bien soignées, et tu cours dans le vent

tu oublies la douleur et tu oublies le temps
et depuis quand cours tu ? Tu ne sais plus vraiment
toi qui te pensais faible, qui étais complexé
un jour tu sors du bois et tout a bien changé

douleur, frustration, fatigues et blessures
tu les as intégré, elles font partie de toi
vient enfin le moment ou comme une morsure
l'envie d'accélérer s'empare de ton moi

tu ressens cette envie qui devient un besoin
d'aller toujours plus vite, d'aller toujours plus loin
car ce n'est plus du sang qui coule dans tes veines
mais c'est de l'euphorie, la rémission des peines

tels les coureurs anciens dont les noms sont perdus
tu ne te bats dès lors pour l'argent, ni la gloire
juste pour ce moment unique et merveilleux
irréel, hors du temps, quasiment fabuleux
ou tu t'es vu courir, comme dans un miroir
ou tout était parfait, un instant étendu
que personne jamais ne pourra t'enlever
et dans l'ordre des choses qui restera gravé.